I tried so hard
Je ne sais pas quelle musique écouter. Je mets différents sons, différents bruits, différents vacarmes, pour s'accorder aux pulsations de mon cœur. Je crois que ça recommence. Insidieusement, doucement. Derrière les yeux et au creux des poignets. Il m'a dit qu'il fallait que je m'ouvre. Que sinon ça ne marcherait jamais. Que sinon il ne tomberait jamais amoureux de moi mais. Mais j'ai perdu le mode d'emploi. Je le cherche pourtant. Je plie mes pensées, je les tords pour qu'elles reconnaissent la solution mais j'ai beau me torturer, je ne trouve rien. J'ai perdu les clefs de ma poitrine. Envolées. Noyées. Dissolues. Disparues. Mais tu vois, c'est paradoxal parce que je n'imagine pas non plus quelque chose de vrai sans mon intérieur véritable exposé aux yeux de celui. Mais vraiment, j'ai paumé les clefs, même la serrure. Je serais incapable de dire où elle se trouve, ce qu'il faut faire, quel bouton actionner, quel code déverrouiller. Alors je réponds que c'est une question de temps et quand des phrases s'étirent sur le bord de mes lèvres, j'essaie de ne pas les retenir sous le motif qu'elles me mettent dans une position de vulnérabilité. Motif déclaré non recevable. Même si mon corps a du mal à l'accepter. Parce que les gifles et les abandons répétés. J'ai peur de m'être enferrée trop profondément dans mes schémas de pensées, à tel point que sans m'en rendre compte, je ne sache plus avoir un comportement autre. J'ai peur de tout gâcher. J'ai peur d'échouer, encore. De mal m'y prendre. Depuis quelques jours, mes nuits sont hantées. Je me suis réveillée en sursaut cette nuit, le corps tendu dans un cri d'effroi. Je tourne comme une démente entre mes draps, je gémis, j'implore. La fatigue est revenue alourdir mes membres. Sans que je ne sache non plus pourquoi. Ça montre bien qu'il y a une faille quelque part, une vis qui bloque. Alors je cherche, je force l'engrenage mais ça se cabre et j'ai peur de casser la machine. Je lis. Comme une naufragée. Je crois que le problème c'est que j'ai trop de choses qui bouillonnent dans mon ventre. Trop de rage, trop de déceptions accumulées, trop de rancœur et d'amertume. Ils côtoient la clarté et la lumière qui brillent à côté mais ils brûlent trop fort. Il faut que je parvienne à les contrôler. Il faut que j'oublie que je me déteste.