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La bouteille d'encre noire renversée au fond de l'âme
31 mars 2008

incohérence

  Mon corps est en morceaux. Je n'ai pas de souvenirs nets d'hier soir. Juste que c'était bien. Vraiment bien. Parce que je me souviens des papillons dans mon ventre sur l'instant. On avait un peu trop bu, fumé ; nous étions tous les deux et bien sûr qu'on savait. J'ai juste ressenti de l'impatience quand il a posé ses doigts sur mon ventre. Nos bouches allaient bien ensemble, elles se murmuraient des secrets, riaient ensemble et se taquinaient. Nos corps se sont frôlés et trouvés sans hésitation. Je ne pensais pas. Autant. A chaque fois que je fais l'amour, j'ai des remarques. Toutes à propos de la même chose. C. disait que j'avais une façon intense de faire l'amour, M. a employé, hier soir, le terme de sensualité torride. A l'écrire comme cela, ça enlève tout. On se croirait dans un film vulgaire. Reste l'idée. Qui est que, je ne mens pas, quand je fais l'amour. A la lumière quotidienne, je peux contrôler, maitriser, forcer. Avec de l'entraînement, ça devient un simple jeu de passe-passe.  Mais pas sous les draps. Pas avec les corps. Pas avec des gestes si intimes. Quand il s'agit de sublimation, il ne faut pas mentir. Souvent les garçons sont étonnés par l'intensité. Ils disent que je donne beaucoup. Ils ne savent pas que je donne tout, en réalité. Je me donne. L'espace de quelques respirations essoufflées, je leur mets mon âme entre les mains, j'en glisse des bouts dans les recoins de leur peau. Je me rends. D'une façon générale, j'ai une tendance à la démesure. Je ne sais pas vivre, correctement, tranquillement. Il faut toujours que je cours trop vite, que je tombe trop fort et que mes bleus soient trop marqués. C'est dans mes gênes. La demie-mesure ne fait pas partie de mon patrimoine génétique. Mais je me soigne. Jeudi dernier, C. a tout balayé. Sur le coup, j'ai repoussé l'information de toutes mes forces. Pour ne pas m'écrouler, pour sauver les apparences. J'avais mal au ventre parfois, quand je le regardais. A me dire que je ne l'embrasserais plus et que je ne toucherais plus son visage du bout de mes doigts. Dans le train, une larme a glissé sur ma joue. J'ai serré les dents plus fort. J'avais un noeud dans le ventre et dans la gorge. Je suis rentrée et me suis écroulée. Dans le noir, sur le sol. La musique couvrait mes sanglots. Je déteste m'entendre pleurer. La froide colère me broyait la poitrine, je me serais déchirée en morceaux. D'y avoir cru. Parce que quelle conne mais je m'y voyais déjà. Tu devrais savoir pourtant. Tu devrais avoir compris. Avec le temps. Mais non, je me suis libérée de mes chaines et j'ai couru. Et suis tombée. Je me suis rappelée que les chaines n'étaient pas là pour rien. Je me suis vidée d'eau jusqu'à l'anesthésie. Puis j'ai lu un joli livre que j'avais acheté dans une librairie sur les princesses oubliées et inconnues.  Je me suis enfuie loin. Là où les battements de mon cœur ne me parvenaient plus. Bulle est venu. C'est la première fois que je l'appelle. Parce que d'habitude je n'appelle personne. Il a compris. Il m'a prise dans ses bras. J'ai pleuré dans son cou. Je murmurais "pardon". Je le répétais comme une litanie. Comme un enfant désespérée, je demandais pardon. Parce que je suis tombée durement, dans ma vie. Je suis tombée dans le noir, je me suis engluée dedans. J'ai appris à me détruire. Mes professeurs avaient été excellents. J'ai retenu leurs leçons sur le bout de mes doigts. Je ne me souviens plus mais je sais que pour en arriver à s'en vouloir avec tant de ferveur, à planifier sa destruction, à en faire une ligne de vie, il faut être tombée vraiment méchamment. Je ne parviens plus à saisir la profondeur du mal mais je devine que pour se détester, se hair autant, elle a du être immense. Quoique. Bien sûr que si, je me souviens. Simplement, j'évite. Parce que la noirceur était partout et que je ne veux plus m'en tâcher les doigts. Et je demandais pardon parce que j'en ai bavé, que je me suis donnée du mal, vraiment, j'ai bataillé et je me dis que maintenant peut-être que la vie pourrait être un peu clémente avec moi. Je ne demande rien d'immense, pas de miracles. J'essaie d'arriver en haut de l'escalier. Alors si on pouvait arrêter de me corser la tâche. Ce n'est pas de la facilité mais du répit. La pensée légitime de se dire qu'on en a assez bavé et que maintenant on voudrait du calme. Certaines marches ont été gravies. Il y a moins de choses brisées déjà. Ou alors peut-être simplement que j'ai appris à ne plus me couper dessus. J'ai fait l'amour avec un garçon hier soir. Il m'a pris toutes mes vies. Je ne sais pas. Et je ne demande pas. Ca m'est égal. Je n'ai pas envie de mourir. Je m'efforce de vivre dans l'instant parce que si je m'égare, je vais trébucher. Sur la rupture de C., l'année prochaine, le vide palpable, l'insatisfaction, les cailloux. Mon corps est en morceaux.

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Commentaires
O
Tes mots sont beaux, toujours plus beaux.
A
May : Je suis toujours heureuse que tu me lises. Très. :)<br /> Oui, ça va aller. Au fond, ça va toujours, on le sait bien. Même quand on voudrait en crever, on se relève. Et puis j'ai conscience que ma fragilité est une chance. Elle m'offre un regard particulier sur les choses. C'est aussi à double tranchant. Tu dis qu'il n'y a rien de plus sublime dans la vie que d'être. Mais ça fait tellement mal parfois d'être pleinement et de ne pas savoir se retenir. Heureusement je crois que le jeu en vaut la chandelle. <br /> ( J'espère que tu vas bien. Que tout se passe bien. )
M
J'espère que cela va aller. <br /> <br /> Ce désir de perfection, cette sensation toujours d'être toujours - trop - à fleur de peau, c'est une chance ( même si cela fait couler tes larmes - trop - souvent ... ). <br /> <br /> Tu arriveras à remonter, j'en suis sure. Tu es une perle, tu sais. Une petit princesse oubliée. Princesse d'Esperluette. <br /> <br /> <br /> Tu donnes, tu te donnes.<br /> Il n'y a rien de plus sublime dans la vie, d'être. <br /> <br /> <br /> ( Je suis toujours contente de te lire. Très. )
J
Juste que ta note elle est belle, j'aimerais trouver les mots mais j'suis en manque. Un peu. J'espere que ça va aller...
La bouteille d'encre noire renversée au fond de l'âme
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