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La bouteille d'encre noire renversée au fond de l'âme
28 avril 2008

J'ignore pourquoi j'ai pointé mon curseur dans la

  J'ignore pourquoi j'ai pointé mon curseur dans la fenêtre d'écriture. Car je n'ai rien à dire. Il y a des clins d'oeil comme ça que la vie t'adresse parfois. La touche "effacer" est bloquée sur mon clavier. Comme si, non tu vois, il faut que tu comprennes, on n'efface jamais. "Would you erase me ?"  Et l'autre jour, je roulais ma cigarette verte sur un livre que l'on m'a offert pour avoir remporté un concours d'écriture. J'ai trouvé la situation cocasse. Je me fais honte, je m'insupporte. Je tourne en rond. Il faudra se taire. J'ai avalé les mots des autres toute la journée. J'ai mis ma capuche sous la pluie, j'ai remonté la fermeture éclair jusqu'en haut parce qu'il faisait froid, parce que le vent frais se glaçait contre mon cou. Ma vie manque cruellement de but. Pour l'instant. Sur le site, il y avait écrit "Dossier reçu et complet". Maintenant, il faut attendre. Je suis pétrifiée. Je m'emmêle les pieds. Je voudrais qu'on me tienne la main. Qu'on me dise. Je voudrais la douceur d'une fille pour me rassurer. J'ai envie de petitesse. Je voudrais pleurer parce qu'il n'y a rien entre mes mains et je m'excuse, je suis fatiguée. Je n'ai pas fait exprès. Je redoute le verdict final pour l'année prochaine. Prise ou non en prépa. Parce que j'ai peur de moi. Si la décision est négative, j'ai peur de m'écrouler pour de vrai. Je veux dire, tu sais, là je tiens, je me maintiens, je fais avec, je m'efforce de regarder loin dans l'horizon pour ne pas glisser mais. Mais c'est la perspective future qui me fait tenir. Si elle s'efface. Tu vois. Je ne peux dire à quel point j'appréhende. A en avoir une pierre immensément lourde dans le ventre. J'évite d'y penser mais c'est là, toujours. Forcément. Première réponse le 3 juin. Mon anniversaire est dans six jours. Tiens, je n'avais pas réalisé que c'était si proche. Prenez-moi contre vous. Chut, je n'ai rien dit, vous savez bien. Entre les lignes, il y a tout mon désarroi et mes larmes qui coulent. Vous les voyez ? Certain me disent que si je ne suis pas prise en prépa, j'irais à la fac et. Bien sûr que j'irais à la fac mais ce n'est pas ça que je veux faire. Ce n'est pas du tout mon souhait premier et. A quoi aura servi toute cette année à patauger si au final, ça n'aboutit pas. Je veux dire, à quoi cela aura servi de quitter l'E*SCA, une forme d'enseignement qui ne me plaisait pas, si c'est pour m'enferrer dans un autre ? L'ennui, le désoeuvrement, la gorge vide, les mains qui tremblent, l'abandon puis l'effort, se faire tenir debout à la force du poignet, se forcer, ne pas s'autoriser à sombrer. Tout ça. Tout ça aura été vain. J'ai le sentiment de marcher sur un fil tendu au-dessus du vide. J'aligne les mots sans harmonie ni cohérence. Non, ce soir c'est simplement pour déblayer les cailloux dans mon ventre. J'ai peur de ne pas être prise en prépa et si je suis prise, j'aurais peur de ne pas avoir le niveau. Comprenez, ça fait quatre mois que je n'ai pas touché un manuel scolaire, appris un cours, rédigé un devoir, été assise une heure sur une chaise à rester attentive et prendre des notes. J'ai forcément régressé. Forcément. Si je suis prise, je me suis promise de revoir mes cours d'économie...de maths et de faire le programme de spécialité maths en ES. La première partie, c'est du plaisir, la seconde, c'est une obligation personnelle. J'aimerais aimer les mathématiques. J'aimerais comprendre les mathématiques. Je me souviens, parfois, je me mettais à mon bureau et j'y croyais. J'étais calme, j'avais du temps mais je finissais toujours par tout balancer parce que ça me gonflait. On s'en fout. J'écris pour raconter, pour ne pas garder les mots rouges dans la bouche, pour m'apaiser. Ca fait longtemps que je ne suis pas allée au cinéma. L'autre soir, je me suis endormie chez M. J'avais eu une grosse journée au travail. J'ai pris ma douche, je lui ai piqué un short infâme, je me suis glissée sous la couette. Il a fait des pâtes au thym et au romarin, j'ai trouvé ça joli. Je l'ai embrassé sur la bouche. N. est passée. J'ai trouvé dans ses traits pourquoi il l'avait aimé si fort. Elle a un charme fou. Elle dégage une force et une puissance. C'est impossible de lutter. Je n'ai pas dit grand chose. J'ai fumé un peu pour m'alourdir un peu plus. Pour être sûre de m'endormir sans éclats. Il a éteint la lumière, lancé le film et dix minutes après, le noir m'a avalé. M. n'a pas dormi de la nuit, je n'ai rien entendu. Je me suis levée le lendemain et j'ai enfilé mes baskets. J'ai des soucis à mon travail qui me serrent le ventre. Rapports conflictuels avec le directeur, qui dit mieux ? J'y vais avec un noeud dans l'estomac et ça assombrit ma tête. Il faut que je me retrouve. J'écris beaucoup ce soir, n'est ce pas ? C'est le temps de cracher. M. m'a dit que j'avais un côté insaisissable, que je ne donnais que ce que voulais bien donner, que je ne montrais que. Ce que je voulais bien montrer. En réalité, je ne sais plus vraiment faire. J'ai tellement de liens autour de mes poignets. C'est moi qui suis entrée dans sa vie et pas l'inverse. Pas l'inverse. Je m'évade. Je voudrais dormir trois cent ans et me réveiller sur un chemin moins chaotique mais ça serait trop facile. N'est ce pas que ça serait trop facile ? Il faut ramper d'abord. Ramper pour mieux savourer la suite. Je prie pour qu'elle ait un autre goût. J'ai peur parce que je sais que je ne pourrais pas un futur comme mon présent. Je perdrais forcément ma lumière. Quelqu'un m'a dit qu'il préférait quand j'avais les cheveux longs. Je lui ai répondu que moi aussi alors il m'a demandé pourquoi je les avais coupés. J'ai haussé les épaules ; je ne lui ai pas dit que ça m'était devenu égal. Je ne me reconnais toujours pas dans le miroir. Je hais le fille du reflet. Quand j'avais les cheveux longs, j'étais jolie. Plus maintenant. L'échec se paye.  Le comportement de ma mère me sidère à chaque fois un peu plus. Je voudrais lui expliquer la définition de son statut et ce qu'il est sensé impliquer. Je voudrais lui dire qu'elle devrait être là, tout simplement. Au lieu de tout briser comme elle le fait.  Aussi, j'ai reçu la réponse pour ce boulot au mois de juillet. C'était quasiment certain. Ce devait être oui. Et la réponse est négative.
  J'ai aligné les mots pour ne pas pourrir de l'acidité qui rogne mes chairs.
  Maintenant, je vais fermer les yeux et attendre que ça passe.

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Commentaires
A
Juju : Tu es toujours le bienvenu !<br /> <br /> Jef : Je me suis faite exactement la même réflexion quand je me suis relue. Il y a quand même beaucoup de lignes pour quelqu'un qui n'avait rien à dire ! <br /> <br /> Ecilora : C'est exactement ça, se vider pour n'être plus bonne qu'à clore les paupières. Pourquoi je ne serais pas à la hauteur ? Je pourrais te donner des tas de raisons, plus ou moins valables certes. En attendant, il faut attendre :)<br /> <br /> Aurélie : Quelle surprise de voir tes mots ici. Je pensais que tu avais disparu. Je lisais régulièrement ton blog et puis un jour, boum, plus rien (mais maintenant j'ai le lien mouahaha). Une toile avec une fille des fois paumée, des fois timide... le paradis !!
A
et heu, un ciné avec une fille des fois paumée, des fois timide, des fois cachée mais qui adore oublier tout ça autour d'un verre après une toile, c'est envisageable ?
A
et heu, un ciné avec une fille des fois paumée, des fois timide, des fois cachée mais qui adore oublier tout ça autour d'un verre après une toile, c'est envisageable ?
E
Et laisser les noeuds se déverser sur le papier. Non. L'écran plus tôt. Se vider complètement pour n'être bonne qu'à clore les paupières et continuer cette journée en pleine nuit. Ou pas. Juste un immense écran noir peut-être qui te fait te sentir aussi fatiguée au petit matin.<br /> Attendre, c'est le pire. Après, une fois que tu y seras. Voilà. Il faudra bien se montrer à la hauteur. Et pourquoi n'y serais-tu pas?
J
la somme de ces incertitudes et de ces appréhensions contredit ce "...je n'ai rien à dire"
La bouteille d'encre noire renversée au fond de l'âme
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