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La bouteille d'encre noire renversée au fond de l'âme
3 mai 2007

Teri Moise ondule doucement des enceintes. La

Teri Moise ondule doucement des enceintes. La migraine est née doucement hier soir. J'en ai ignoré les prémices, elle me l'a fait payée. J'ai avalé un cachet en fin de soirée, un de ceux nouvellement prescrit par le médecin. Mais elle ne m'a pas lâché et m'endormir s'est révélé impossible. Alors nuit trouble et angoissée. Tendue car depuis trois jours mes rêves sont rouges. Je préfèrerais presque que ce soient des cauchemars, au moins je me réveillerais et pourrais me rendormir ensuite. Là je ne me réveille pas au beau milieu de la nuit mais le petit matin me trouve courbaturée de la tension accumulée pendant ces songes obscurs et fébriles. Tendue comme un élastique, qui va peut-être bientôt lâcher, qui sait? Alors depuis ce matin je prends cachet sur cachet, toutes les quatre heures. Je traque inlassablement cette migraine qui s'accroche. La barre reste dans mon front, pulsant à mes tempes. Une barre de fer brûlante qui cogne et démolit. Je suis un roc, je ne parle à personne, je me pétris de transparence pour qu'aucune de leurs épines ne trouve de failles en moi et ne fasse d'écorchures. Je suis maintenant assez grande pour me les faire moi-même. Alors je garde la bouche close, j'essuie son indifférence et son mépris comme une vulgaire tempête. Je lis, deux heures, sans aucune interruption. La migraine me tiraille mais je m'accroche aux mots jusqu'à ce que mes yeux rouges n'y parviennent plus. Je me cache dans les toilettes pour lire. Je m'assois sur le sol grisâtre et m'appuie contre le mur, le livre sur les genoux. Au moins je trouve le silence nécessaire à l'immersion dans le roman. Un instant j'aperçois mon reflet dans une vitre, mes cheveux légèrement roux encadrent longuement mon visage et je discerne mes traits fatigués. Je ne me reconnais pas. Ca ne change pas : je ne me suis jamais reconnue. "moi", véritablement moi, ne suis pas "elle". Mais peu importe. Je me coupe aux doigts avec de simples feuilles de papier parce que mes gestes se précipitent. Se précipitent, s'entassent et s'écroulent. Quand cette page s'est ouverte, mes doigts brûlaient de sentiments forts, colère, haine, rage et puis doucement, comme ces figurines remontées, je me suis éteinte. On a enlevé la pile dans mon dos et j'imagine sans peine la teinte morne de mes iris à cette heure. Poupée absurdement vide, je ne suis que ça, qu'une poupée absurdement vide. Le problème n'est pas de trouver, tu n'ignores pas les regards qui se cogne contre toi lorsque tu sors. Non, le véritable problème est de garder puisque tu démolis tout de mes mains qui tremblent. Tant que l'intérieur ne sera pas stable tu n'y arriveras pas, et tu le sais. L'inconvénient c'est que tu ne sais pas, quand. Alors tu balaies, de temps à autre, à droite, à gauche, quelques gravats. Tu les mets de côté en attendant. (en attendant quoi?)

juls_chut

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