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La bouteille d'encre noire renversée au fond de l'âme
10 décembre 2007

Bien sûr que je mens. Quand tu me demandes si ça

  Bien sûr que je mens.
  Quand tu me demandes si ça va, bien sûr que je mens. Quand tu me demandes si j'ai bien dormi. En réalité, j'ai repoussé les aiguilles de ma montre parce que la peur de m'endormir, la peur incompréhensible du noir, de la nuit qui engloutit tout. M'écrouler aux premières heures après deux cigarettes fumées à la fenêtre, les yeux rouges d'avoir trop lu, le front tiré par la migraine sous-jacente. Et le réveil programmé quarante-cinq minutes avant l'heure mais me rendormir et me lever plus d'une demie heure après. Enfiler un jean, un sweat, me presser, tout glisser dans mon sac, me maudire. Le mal de tête aux tempes, les yeux cernés, le regard fatigué, le béret planté sur la tête, l'écharpe sur le menton, la cigarette sur le quai de la gare, mes prunelles de roc, la détresse qui bat entre mes côtes, qui me dévore ce matin, la musique trop forte dans mes oreilles, ma personne inflexible, implacable, l'aversion fulgurante aux creux du ventre. M'écrouler sur ma chaise. Faire semblant, me calmer, me laisser déposséder. Fuir dans une salle de cinéma. Once. La Beauté. D'ailleurs, rentrer et commander directement la BO. Me diriger vers les toilettes et laisser monter les larmes. Griffonner sur mon cahier à spirales. Piquer un béret bleu et des élastiques violets. Mourir.
  Bien sûr que je mens.
  Quand tu me demandes si j'y crois. Parce qu'au fond, je crois que les espoirs se sont tus. Ils se sont tirés une balle dans la tempe. Quand je te dis que je suis sociable. Parce que je n'ai jamais su y faire avec les relations humaines. Je ne suis pas douée pour donner de mes nouvelles, être présente. Je suis du vent, je glisse entre vos mains. Bien sûr que je mens quand je dis que j'ai envie. L'envie il y a longtemps qu'elle s'est barrée. L'envie de voir ce qui m'attend.
  La vérité c'est que je survis plus que je ne vis.

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Commentaires
A
may : ils sont super tes amis ! Moi j'y suis allée toute seule donc bon. c'est sans regrets, personne ne me l'aurait offerte *rire* <br /> Merci beaucoup d'avoir partagé tes mots sur Vayu. Juste, certes je me considère comme du vent mais pas du tout comme qq'un d'important ! Mais bien tenté ;)<br /> moi je suis du vent, ça veut dire que je ne suis rien. De l'insaisissable qui échappe des mains.<br /> <br /> Eliane : c'est vrai que la coincidence est amusante. On va finir blasée à force de se retrouver dans les mots l'une de l'autre ! (c'est quand un jour ?)
E
C'est amusant, parce que la dernière fois j'écrivais : "Un jour gamine, il faudra bien que tu acceptes de vivre et non plus survivre."<br /> Un jour.<br /> xxx
M
Oh, Once, il est splendide ce film. Émouvant. Réel , pour une fois qu'on ne voit pas des personnages " caricaturaux" et toujours trop parfaits. <br /> J'ai vu le film, puis un ami m'a gentiment offert la BO. J'écoute la une et la deux en boucle. Le 8 " Fallen From The Sky" me fait sourire, m'apporte un peu de magie. Et puis, tout l'album en fait. <br /> On écoute les mêmes chansons, c'est "marrant" ces similitudes. <br /> Quand les grands esprits se rencontrent... enfin grands, façon de parler.<br /> <br /> Et puis pour le vent, oui, c'est l'impression aussi que j'ai souvent: d'être le vent, d'être Vayu ( c'est la divinité du vent dans la littérature indienne ) et j'ai "étudié", un peu cette figure symbolique, et en fait... elle est beaucoup plus importante qu'elle n'y semble. Autrement dit: le vent est important, alors si tu te compares au vent, c'est q tu es aussi importante. Je te copies quelques mots que j'avais noté à ce sujet: <br /> "J'aimerai être le vent. Parvenir à contourner les obstacles, contourner la résistance. Trouver l'ouverture et m'y engouffrer. Caresser ce qui doit être plier. Frapper ce qui doit être briser. N'avoir aucune forme et prendre n'importe quelle forme. Toujours m'ajuster parfaitement à l'espace qui m'entoure, perpétuellement à la mesure exacte de l'adversaire.<br /> <br /> <br /> <br /> Le vent est partout en nous. Il est notre première respiration de nouveau-né. Il est là dans l'exultation d'une joie subite qui nous emplit. Il est le soupir découragé qui nous vide. Il est la vague montante de la colère. La suffocation de l'angoisse ou le doux gonflement d'un bonheur paisible. Et puis, dans le dernier soupir à qui on le rend à "on ne sait trop qui". "<br /> <br /> Voilà, sinon moi?! Je vais bien. Toujours. Enfin j'essaye. Merci. : )
La bouteille d'encre noire renversée au fond de l'âme
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