Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La bouteille d'encre noire renversée au fond de l'âme
13 décembre 2007

La mécanique se met doucement en place. Le poison

  La mécanique se met doucement en place. Le poison prend ses aises, les habitudes s'ancrent dans les gestes, le corps assimile, ingurgite, régurgite. Savante leçon récitée sur le bout des doigts. Jusqu'au fond de la gorge. Je fume à la fenêtre le soir en regardant les phares des voitures qui trouent l'obscurité au loin. Le ciel est noir d'ébène et je fais semblant de prendre les lampadaires pour des étoiles. Je me concentre. Je m'endors tard, ou tôt. J'ai peur que la nuit me mange, que le noir m'engloutisse, alors je repousse le moment de m'allonger. Elle m'a dit que j'étais jolie. Elle m'a aussi dit qu'elle était intéressée. Par moi. Je ne sais pas. Pas qu'une fille ça me gêne, loin de là. Mais il manque quelque chose. L'étincelle. Dans ses yeux bleus. Et puis, trop d'admiration dans sa voix. Je n'en veux pas. Elle m'apprécie pour ce qu'elle n'est pas et non pour ce que je suis réellement. Elle m'apprécie parce si elle pouvait, elle serait comme moi. Je-m'en-foutiste au bout des ongles, tête dans les nuages, clope au bec et béret planté sur la tête. Un bout perdu dans les paysages lointains. Les paysages du Nord, tu sais je les ai encore dans la tête. J'ai peur de rester engluer. J'ai... Je.... m'emmêle et m'emprisonne et ne m'en sort pas. Au final. Je m'endors dans les transports, je frissonne, je pense à ceux qui ont pu traverser ma vie, au gâchis, mais pas trop fort. Oh non pas trop fort sinon je sais bien que je vais avoir des larmes sur les joues. Il y a de la poussière dans les recoins de ma vie, une poussière que le balai n'arrive pas à atteindre alors ça s'entasse et ça s'entasse et bientôt on pourra faire des noeuds dedans. J'ai envie de partir. L'année prochaine tu crois que je réapprendrais à respirer ? Tu crois que c'est possible ? Des livres jonchent le sol, des feuilles de papier annotées de diverses indications comme autant de pense-bête, des DVd, des chemises cartonnées, des stylos... Je raconte. Le vide ne se comble pas il ne se dupe. Même pas. Alors quoi ? Je remplis ma vie de petits cailloux, de petits monticules de rocs que j'escalade ensuite pour apercevoir l'horizon. Mais dans le brouillard je ne distingue rien. Il revient le 17. Il faudra que j'aille puiser mon courage au fond de mes talons pour lui dire. Je lui dirais tout bas tout bas, je sais que c'est trop tard, je sais que c'est presque une insulte mais tu vois, moi encore et tu voudrais pas, 'fin tu vois, mais sinon ce n'est pas grave, c'était juste pour. Ne pas avoir de regrets. Le faire sinon je sais que je vais m'en vouloir. Etre fixée. Cesser de rêvasser stupidement. Tu apprendras vite gamine que la réalité est grise. C'est ce que je lui ai dit. Ce n'est pas ça que je veux, moi j'veux que ce soit joli. Là il n'y a que du gris partout. Clémentine et moi on en a jusque sous les chaussures mais on garde quand même un lambeau de sourire aux coins de nos lèvres parce qu'elle a dit qu'on était belles et que c'était le plus important. Tu la connais pas Clémentine ? Et bien tu rates quelque chose. Clémentine c'est un chat, un chérubin, une gamine, une princesse, une rêveuse aux mains d'argent, avec des talons bien ancrées sur Terre. C'est quand elle sourit, de vrais sourires, que tu te rends compte que ce n'est pas perdu, qu'il reste des parcelles d'étoiles quelque part. Après il faut les chercher et les faire siennes mais déjà paraît qu'il y a des lueurs cachées. Alors je retrousse mes manches, je m'y mets mais mes pulls finissent irrémédiablement par me retomber sur les mains. Et mes mains sur mon visage pour cacher mes pleurs. Pauvre gamine à la gorge coupée de souvenirs qui ne s'en remet pas et qui patauge. Si tu n'étais pas moi je t'aurais sûrement trouvé attendrissante. Je t'aurais tendu la main, blottie contre ma poitrine en te consolant de mots menteurs mais mielleux. Mais là, rien de tout cela. Une gifle et des remontrances et tiens-toi droite, avance. 

5_497031807_audrey_19_H202832_L

Publicité
Publicité
Commentaires
A
Le reste ? si, oh bien sûr que si, et ô combien ! <br /> Alors nous attendons ce jour, où tout cessera de s'évaporer de nos mains -quand ?- nous attendons.
E
Je lui ai demandé une cigarette. Elle m'a dit qu'elle n'en avait que des mentholées. J'ai souri et j'ai dit que c'était parfait, des mentholées, que c'était frais, frais. <br /> Pour le reste non, non. Surtout pas. Mais les parcelles sont là. Et un jour, elles cesseront de nous glisser des doigts.<br /> xxx
La bouteille d'encre noire renversée au fond de l'âme
Publicité
Archives
Publicité