Ils croient qu'on espère, ils croient qu'on rêve
Ils croient qu'on espère, ils croient qu'on rêve encore, qu'on s'amuse, que. Nous n'avons rien vu. Ils ne savent pas qu'on meure étouffés sous les pavés. Ils ne savent qu'ils nous ont rendu fous. Et moi je suis partie parce que leur suffisance et leur voie toute tracée, leur vie en toc et leur superficialité me donnaient la nausée. Je lui disais, tu vois, jusqu'ici j'ai tenu, bon gré mal gré, un peu vacillante, un peu ceci, un peu cela, pas toujours très stable mais le tout tenait. La réalité ce n'est pas que je tenais parce que tout allait bien -mieux. Non la vérité c'est que j'étais droite parce que le vent ne soufflait pas fort. Et aujourd'hui, si je suis en pièces, en mille morceaux, c'est que je me suis fracassée. Je me suis tordue la cheville et me suis affalée sur le bitume sale. Je suis en plein courant d'air. Je ne vacille même plus, je rampe. J'accroche mes ongles trop courts sur les graviers et tente de me hisser mais je suis fatiguée. J'ai envie de pleurer, souvent. Je voudrais lui dire que je renonce. Que moi je pensais qu'il m'aimerait. Qu'il prendrait soin de moi, peut-être, un peu. Il n'y a plus aucune rime dans nos vers. Ma vie s'étire et s'étiole et se disloque. Je ferme les yeux. Je déglutis péniblement à cause des sanglots coincés dans ma gorge. J'ai envie de m'arracher la peau, de hurler, de me réduire en morceaux. Alors que c'est déjà fait. Alors que je ne suis déjà plus qu'une pauvre chose inanimée complètement molle, la bave aux coins des lèvres. Il faut se souvenir des jours où. Il faut ramener le soleil. Comment je pourrais leur faire comprendre à quel point je me sens nulle et comme ça me paralyse. Comment je pourrais leur dire que non vraiment, moi j'ai juste envie de me cacher derrière un rideau et de disparaître aux yeux des gens. Je me sens vulnérable, comme si l'on pouvait lire en moi. Mais en moi, ça ne vaut tellement pas le coup que je préfèrerais mille fois me soustraire à leur vue. J'écoute. Me blottir sous la couette, m'endormir. Ce soir, je dors dans les draps d'un autre. Je crèverais de tout ce qui me manque. Je prierais pour qu'il me prenne dans ses bras. Juste pour sentir la chaleur. Juste pour me sentir retenue. Parce que, sinon, moi je sais bien ce qui va arriver.
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