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La bouteille d'encre noire renversée au fond de l'âme
28 avril 2007

J'oublie la pierre glacée logée entre mes côtes.

  J'oublie la pierre glacée logée entre mes côtes. Je plonge mon esprit dans les exercices mathématiques, pourtant je n'aime pas ça, mais avec la fenêtre ouverte sur le ciel ensoleillé et le dernier cd de Zazie ça passe. Ca passe, ça coince, je trébuche, je ravale mes larmes. J'ai peur que mon état devienne prochainement immuable, comme si la pierre allait bientôt devenir trop lourde pour espérer être bougée. Je clos mes pensées à double tour, je les enferme dans leur propre cage pour qu'elles ne me tourmentent pas. J'ai cessé de regarder le temps avancer, ça ne m'intéresse plus. Je laisse, couler. Mon coeur a lui aussi cessé. Cessé de battre à l'idée des résultats de concours, cessé de s'emballer tout court. J'ai cessé d'espérer, d'attendre. Je me suis assise, le visage entre les mains et j'ai laissé le vide affluer. Je ne regarde pas le présent de mon air objectif, le bilan serait trop déprimant. Alors je ne regarde pas les pendules tourner, je ne réfléchis plus, je fais. Simplement, je fais. Je sais bien que demain tout se déchirera à nouveau. Je sais aussi, que je vais sécher de plus en plus. Que je vais fuir et hair ce lieu comme la peste. J'irai me réfugier dans les hautes herbes. Et puis ça ne compte pas vous savez j'ai retrouvé des livres dans ma bibliothèque. Baudelaire, Appolinaire, Rimbaud et ... Le manifeste du parti communiste. Je me souviens l'avoir acheté par curiosité. Je le commencerai ce soir, je le finirai peut-être, La nausée de Sartre m'attend. Jusqu'à ce que mes paupières tombent. Vous savez il faut être sans pitié, sans pitié envers ses pensées qui m'étranglent.

Il y a également quelques mots gribouillés, raturés, rectifiés, sauvegardés.
" Il y a le temps qui court, les larmes qui fuient, par milliards sur mes joues comme un exode, comme si elle non plus ne pouvait plus supporter de vivre avec moi. Alors elles roulent, tels de minuscules cailloux sur mes joues qui deviennent sinueux chemins de traverse. Elles glissent, trébuchent sur mes pommettes et poursuivent sur cette route qui va les délivrer. Elles sortent de mes yeux par poignées entières pour former dans mes mains qui les retiennent un océan amer."

edit : Mes yeux butent à ses mots, j'ai envie de vomir. Ca ne s'arretera donc jamais. Ca ne s'améliorera, clarifiera, jamais ? Peu m'importe, je vais bien réussir à l'apprivoiser ce caillou dans mon ventre, ce caillou gelé qui m'obstrue la poitrine. Il va bien falloir, s'y habituer. A retenir ses larmes. Comme avant. Deux ans. La même sensation de vide sous les pieds, le même abandon dans les doigts, le même renoncement avoué de l'esprit. La même. Démission. Mais chut, index sur les lèvres, oublie.

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