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La bouteille d'encre noire renversée au fond de l'âme
9 septembre 2007

Eclatée

Rentrée de la semaine d'intégration. Pleins de cailloux sentiments souvenirs sensations dans le ventre. Différents.
C'était un soir, au retour d'une énième soirée. Quand j'enlève mon pantalon, j'entends un bruit mat. Je me penche pour voir ce qui est tombé de ma poche. Un ticket de bus et un préservatif. On m'a tendu ce dernier alors que je roulais des patins à un garçon dont je ne connaissais pas le nom. Je ne savais pas non plus le nombre de verres avalés. Je ne savais plus grand chose. En réalité. Juste que ça a cogné quand j'ai vu ces deux choses s'échouer sur le parquet. Un ticket de bus et un préservatif. L'essentiel. La panoplie de l'aventurier d'aujourd'hui. Du fond de ma torpeur, ça m'a fait marré.
La fatigue alourdit mon corps. Je suis puvérisée, complètement partie ailleurs. Je ne suis même plus moi, je suis dans une alcôve où l'alcool circule en permanence dans mon sang et où. Les pensées peinent à être claires. Je ne suis plus là, je suis derrière mes yeux, sous la vante plantaire exténuée de mes pieds, dans mes cuisses lourdes et mes joues cernées.
Hier soir, rentrée à cinq heures du matin. Sur les lèvres, le goût de celles d'un autre. Il est venu me chercher tandis que je m'apprêtais à rentrer par le premier bus. Soirée dans un château louée pour l'occasion. L'élite scolaire en tenue de soirée titubante et saoûle à en vomir. Mon porte feuille est resté à l'appartement, je n'ai pas de quoi m'abrutir à mon tour. Je me prends le pathétisme de la situation en plein visage. Je m'ennuie, je garde la tête baissée, je ne veux pas voir leurs yeux hagards. Je me dirige vers le premier bus de retour. Et d'un coup il est là. Nos lèvres s'étaient déjà écorchées lors de la première soirée. Ensuite quelques saluts échangés de loin. Mais d'un coup il est là et d'un coup ses lèvres sont sur les miennes. Il me demande de rester. Je refuse. Il est dans un état lamentable, je le porte à moitié. Je n'ai pas envie d'y retourner pour ensuite me retrouver à nouveau paumée. Il reprend son sérieux, il me fait rire, il m'embrasse, il a sa main posée dans le bas de mon dos. Je fais demi tour. Nous passons la soirée ensemble et je le remercie silencieusement de sauver ma soirée. Je lui souris grand, parce qu'il me plait, parce qu'avec lui je suis bien. Parce que dès la première fois, mon coeur s'était imperceptiblement serré. Tu es belle quand tu souris. Ne t'arrêtes pas de sourire, ajoute-t-il en posant ses lèvres dans mon cou. Vous savez, tout ça m'est égal c'est ce que je voudrais croire mais en réalité non. Nous prenons l'un des derniers bus. Finalement. Il me prend dans ses bras, il s'endort. Nous nous. Endormons. Je me fais à l'idée que quand il se réveillera, les idées un peu plus claires, il m'ôtera de ses bras. Mais non. Quand ses yeux bleus s'ouvrent, il resserre ses bras autour de moi et m'embrasse sur la tempe. Nous descendons et sa main est dans le mienne. Il m'embrasse, nos directions sont oppposées. Je tourne les talons, le coeur décroché.
Le lendemain matin, aujourd'hui, le train me berce tandis que je me rapproche de seconde en seconde de Paris. La hargne de Chad Lee Gray bouillonne dans mes oreilles et je me retiens de pleurer, les yeux las et le visage défait et chiffonné.
Parce que le jeune homme à côté de moi dans le train ôte sa montre de luxe pour la cacher dans la poche avant de sa chemise rayée bleu et blanc, parce que ce jeune homme de mes soirées est à Angers et moi à Paris et qu'aussi agréable qu'ait été la soirée, nos mains resteront nues de celle de l'autre, parce que ça me fait mal, parce que je n'arrive pas à rester neutre, parce que ça m'étouffe putain, tu comprends ça m'obstrue la gorge ! Je le veux. Et je n'arrive pas à l'avaler, je n'arrive pas à m'en sortir. Y'a ce pavé dans ma trachée qui m'empêche de respirer. Parce qu'il est à Angers et moi à Paris. A l'intérieur, elle pleure. A l'intérieur, elle hurle. Pour une fois. Pour une fois que ça marchait et que ça s'annonçait joli. Pour une fois bordel. Et elle est ecoeurée. Le goût violemment acide de l'amertume va lui passer mais en attendant, il lui ravage l'esprit. Pour une fois que... Bam, une gifle sur ta joue. Retourne dans ta chambre la gamine. Va bouder, va pleurer, va expier, va extérioriser.
Débrouille toi pour ne pas en crever.

alone

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Commentaires
A
Je n'oublie pas.<br /> Promis.<br /> *sourire*
J
Quand je te lis, j'ai l'impression de suivre un roman. Avec le bonheur, les peines, la tristesse et le chagrin. <br /> <br /> Le bonheur et le malheur se tiennent la main. N'oublie pas.
La bouteille d'encre noire renversée au fond de l'âme
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