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La bouteille d'encre noire renversée au fond de l'âme
27 octobre 2007

Entre parenthèses

Combien de bouches inconnues en une soirée ? Six, sept ? Je sens qu'on m'attrape par le bras, je me retourne, P. se tient devant moi, je lui saute au cou, je plaque mes lèvres sur les siennes. La queue au vestiaire est immense, je dépose mon manteau dans un coin de la salle. Tickets, boissons, shooters. Deux. Cul sec. Merci. Je danse avec elles et lui, on s'échauffe, on laisse le son monter en nous peu à peu. P. me retrouve, on danse ensemble. On passe le reste de la soirée ensemble. Par deux fois, il ira nous chercher à boire. On s'assoit, on fume, on s'embrasse, je le fais rire. Mais, de plus en plus, je pense que ce n'est pas "vrai". J'ai du mal à le cerner, son masque est trop épais. A 4h il s'en va, je finis le reste de la soirée avec elles. Je tourbillonne. On danse avec des garçons, on ne sait pas vraiment. Tout ce qu'on veut, je crois, c'est ne pas danser seul. J'embrasse tous les garçons avec qui je danse et m'en vais quand je n'aime pas comme ils embrassent. Je dis que je reviens mais je ne reviens pas. Je finis la soirée avec un garçon un peu parti. J'ai été dansé avec lui parce qu'il n'est pas venu vers moi et qu'il dansait dans son coin. Je me suis dit qu'il ne m'embêterait pas, qu'on danserait et c'est tout, qu'il n'aurait pas l'idée de me ramener chez lui après. Et j'ai eu raison. Alors on danse, on rigole, je sais même pas comment tu t'appelles, on se cherche, on se trouve à moitié, dans le brume de nos esprits. La soirée se termine. Il veut quand même me ramener chez lui. Pas pour faire l'amour, juste des câlins. Il me demande l'âge que j'ai, il en a 26. T'es trop jeune, t'es niaise. Je ris. Parce que s'il savait il fermerait sa gueule. De quel droit tu. 5h10, je marche sur des dizaines de gobelets vides et des mégots qui jonchent le sol. Je vais récupérer mon manteau, un mec me rejoint. Numéro de téléphone. Quand je suis "en haut", tu comprends, aidée par l'alcool et la fatigue, les barrières ont tendance à s'effacer. Et tout me semble d'une simplicité enfantine. Ou plutôt, en réalité, c'est que tout m'est un peu plus égal. Un jeune homme s'approche. Je note tout de suite ses yeux qui pétillent et sa barbe de trois jours. Il me plait. On échange quelques mots, je descends les escaliers, il m'attend dehors, je prends son numéro, je peux t'embrasser, mais je n'attends pas sa réponse, je colle mes lèvres sur les siennes. un dernier regard et je tourne les talons pour disparaitre dans la bouche du métro. Au moment où j'allais valider ma carte, il me rattrape. Tu peux pas faire ça, m'embrasser et partir comme ça. D'accord. On fait quoi ? On remonte, on va s'asseoir. On parle. Le pauvre est perturbé. - J'hallucine. - Mais pourquoi ? - T'as l'air complètement folle.   - Je préfère le mot déjanté... Non mais c'est juste que j'aime pas compliquer les choses, si j'ai envie de faire quelque chose, je le fais. Tu me plais, je t'embrasse, c'est simple. Les gens sont trop cadrés, parce qu'il faut faire ceci et être comme ça. - Mais en plus c'est toi qu'a raison, moi aussi je trouve que les gens se prennent trop la tête et tu vois, je me dis que c'est peut-être d'une fille comme toi dont j'ai besoin.
On s'embrasse. Moi j'ai rien à perdre, tu sais. C'est tellement fugace tout ça, ça ne veut tellement rien dire qu'on peut faire ce qu'on veut. Ca ne rime à rien, tout ceci n'est qu'une mascarade alors joue le rôle qui te plait. Mais au fond, je crois qu'il me plait vraiment et mon coeur se réveille. J'aime bien ton nez, puis ta bouche, et ta barbe, et tes yeux, et ton blouson. Et y'a mon coeur qui crisse un peu parce que tu voudrais pas m'aimer un peu. Il est grand et très mince, il a l'air doux, il me le confirme, il a une copine depuis deux mois, il m'embrasse longtemps. On discute encore mais ça ne mène pas à grand chose alors on repart. on prend le métro ensemble et je descends à la deuxième station. Sans me retourner.
Couchée à 8h, levée à 16h30.
Mais quoi ? C'est quoi la trame, la consistance véritable de tout ceci ?
Peut être qu'il n'y en a pas, peut-être -sûrement- que je cours après du vent.
Il faudrait que je l'accepte ?

Edit : on ne parlera pas des rues de Paris dans la nuit, les pieds qui s'emmêlent, les regards sur ma personne, ma bouche cachée dans mon écharpe immense et épaisse. on ne parlera pas des quais de métro où des gens ivres gueulent, des rues désertes, du froid qui mordait mes jambes. on ne parlera pas du froid quand j'ai marché seule dans ces rues, le froid et la fatigue. De tout ça.

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