je viens de finir "A l'abri de rien" je

  je viens de finir "A l'abri de rien" je me sens vide. bercée par les mots, enveloppée dedans comme dans un duvet de coton je m'y love et arrivée au dernier mot de la dernière page je formule une supplique chuchotée pour ne pas que ça s''arrête. ses mots sont autant de mains chaudes sur les tempes qui absolussent. ça abime les yeux de revenir ensuite à la réalité, c'est comme sortir d'un tunnel et se cramer les prunelles devant une lumière trop violente, les yeux agressés se plissent et cherchent une issue. construisez-moi une cachette où personne ne saurait me retrouver et où je pourrais vivre non pas à l'abri de rien mais à l'abri de tout. je saurais me nourrir de ce qui ne vous suffit pas.
   la migraine explose à mon front et mes yeux sont gonflés. j'ai reçu son mail tout ceci est tellement décevant. tu étais bien mieux avant quand rien ne t'atteignait ou du moins quand tu faisais en sorte que rien ne t'atteigne. quand tu ravalais tout et qu'il n'y avait que tes yeux enfièvrés et brûlants de tout ce qui cramait entre tes côtes. aujourd'hui tu n'es plus belle aujourd'hui tu n'es plus rien aujourd'hui tu t'étioles et tu es transparente. je te préfèrais mille fois avant. quand les gens se cognaient contre ta personne silencieuse et intriguante. je lis ses mots et au fond de moi je change de bord. puisque c'est comme cela je vais sceller mes lèvres et redevenir celle qui ne prononçait mot. insaisissable. puisque c'est comme cela je vous abandonne et retourne me terrer sous les mille couches muettes de moi. j'ai joué et j'ai perdu j'ai joué et je suis essouflée je vous redonne les dés je vous laisse jouer sans moi. je saurais orner ma cachette de la sorte à y vivre sans manque sans vous et sans rien à ce qu'elle me suffise et ne plus avoir envie d'en sortir. je saurais dompter la solitude et la faire reine de mes compagnes et ne plus avoir besoin d'affection. ne me dites pas que ce n'est pas possible j'ai réussi une fois et je réussirais une deuxième fois. question de principe de volonté de survie. je vous fais chapeau bas profitez je ne saurais tarder à verrouiller mes yeux.