Elle est presque attendrissante de n'avoir toujours rien compris
N'empêche si là maintenant tout de suite right now je pouvais choisir, je monterais une maison d'éditions. Une rien qu'à moi. Je l'éditerais lui, je mettrais "artiste fou" sur la quatrième couverture. Nous écrirons aussi ; bien sûr que nous écrirons. Les mots coulent dans nos veines, il faudra bien expier. Les nuits blanches, des mots plein les doigts, plein les yeux, à tenter de les dompter pour que ça sonne juste. Parce que je suis obsédée par cela, la quête de la justesse. Je lirais tous les manuscrits que l'on me soumettra. Et je les lui lirais aussi dans la grande baignoire surchargée de mousse. Je lui demanderais d'être plus clément dans ses commentaires, je l'embrasserais sur la bouche. Comme ceci est illusoire et relève de l'onirisme, je vais jusqu'à dire que, tiens, soyons fous, il fera semblant de ne pas se lasser. On sait tous que c'est impossible, qu'un jour l'amer l'emporte forcément mais dans cette liste, je note ce que je veux. Alors oui, il ne se lassera pas. Et moi non plus. Et on aura les yeux grands ouverts, des sourires plein nos poches, des larmes aussi, parce que moi je trouve ça beau la tristesse ; parfois. Je me perdrais dans ses baisers et on parviendrait presque à se fondre l'un dans l'autre quand nous ferons l'amour. Je vivrais d'amour et de mots ; pas d'eau fraîche non. Pas besoin, je m'abreuverais à la douceur de ses paroles.
Des avenirs, j'en ai des dizaines d'autres dans mon sac. Et je crois que c'est ça le problème. Parce que du coup, je reste sur le bas-côté, incapable de saisir, incapable de choisir. Il me semble que je sais bien ce que je ferais si je pouvais. Oui, je serais normalienne. Mais elle a dit que c'était l'élite de l'élite et regardez mon sourire qui se casse la gueule. Alors je trouverais autre chose, je ferais semblant d'y tenir alors que j'ai perdu l'intérêt depuis bien longtemps. Je poursuivrais dans une voie et je m'en foutrais, j'aurais toujours toutes ces larmes dans les yeux mais je ferais semblant. Je me mentirais à moi-même. Comme je me mens aujourd'hui. Comme je me mentais hier. Parfois j'accepte la vérité mais elle me fait tellement peur. Je perds la tête quand je l'ai en face de moi. D'ailleurs elle se glisse dans mes rêves et c'est bien pour ça que mes nuits sont tourments. Même pire que ça puisque je me retrouve à hurler en silence mais passons. Tout ça c'est du détail, tout ça c'est secondaire. Tout ça ne compte pas. La vérité c'est que plus rien ne compte. Plus rien du tout.
Je préfère menfuir dans mes rêves où des corps fracassés se soutiennent.