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La bouteille d'encre noire renversée au fond de l'âme
11 mai 2008

J'ai toutes sortes de couleurs sur le bout de la

  J'ai toutes sortes de couleurs sur le bout de la langue. Toutes différentes. Toutes mélangées. J'ai validé l'achat des billets de train pour Londres. Ma paye entière va y passer mais voir ses yeux briller et nous entendre en parler comme des gamines, ça n'a pas de prix. On a encadré sur la carte de la ville les endroits auxquels l'on va se rendre au stylo turquoise. Avec ma soeur. J'ai hâte. De voir autre chose, de découvrir, d'apprendre, d'être interloquée, de me sentir. Vivante. L'anglais n'a jamais été mon fort et tant mieux parce que je suis impatiente de rougir d'embarras devant mes interlocuteurs, impatiente de me sentir bête, de réfléchir à toute allure et de marcher sur d'autres trottoirs. Nous y allons deux jours, nous visitons deux librairies et un marché de bouquinistes. J'ai insisté. Ca fait vibrer à l'intérieur de tout organiser et de se projeter. Ca fait vibrer à l'intérieur et c'est tout ce qui compte. Nous partons dans dix-sept jours. Mais il y a d'autres couleurs, d'autres flots colorés qui viennent noyer ces grains mordorés. Il y a la réalité qui m'a rattrapée. Je vais quitter M. Bien sûr que je vais le quitter. Puisque je ne l'aime pas. J'ai cru que ça serait possible, je me suis dit que ça serait bien. Mais j'ai été vile et faible. Il fallait assumer. Il aurait mieux valu être assez forte à ce moment-là pour tolérer la lucidité. Mais j'ai préféré la rejeter pour privilégier mes yeux assommés.  J'étais tout en bas des marches, tu sais. Et ce n'est pas honnête parce que c'est facile d'agir comme je le fais. De prendre et de partir. J'avais besoin. De prendre, de combler, de remplir. Les chutes avaient été tellement pesantes auparavant. Il tenait ma main et j'avais envie de la retirer, il m'embrassait et je reculais mon visage, hier. J'avais du mal à faire semblant et une voix hurlait sous mon crâne. Je criais en silence face aux miroirs. Je me trouve odieuse. Parce que je ne l'aime pas et que  j'ai du mal à être souple. Je n'arrive pas à faire semblant. Je me trouve dégueulasse de ne pas réussir à faire d'efforts. Quand on s'est glissé dans le lit à la fin de la soirée, je me suis quand même rapprochée de son corps. Parce que sa peau est chaude. Et ma nuit était hantée comme elle ne l'avait pas été depuis longtemps. M. me dit le lendemain qu'il m'a rattrapée plusieurs fois dans mon sommeil. Je le sais. Quand je me suis réveillée, mes rêves me collaient à la peau. Ils étaient moites et désagréables. Je voudrais dire le printemps, le soleil, les jambes nues. Les forces qui reviennent, sorties d'on ne sait où. Au moment où je tombais en miettes. Et je redresse un peu la tête. J'ai des choses à faire. J'ignore combien de temps cette solidité sera scellée à mes pieds. L'autre jour, j'ai été faire quelques courses et puis j'ai dit ce soir, c'est moi qui fais à manger. Bulle est venu dormir.  J'ai dégagé mon bureau pour qu'il passe rédiger sa dissertation dessus. Il gribouillait ses feuilles pendant que j'écoutais de la musique au casque sur mon lit. Quand je lui parlé, il m'a dit que c'était compliqué tout ça, mais que ça irait. Parce que forcément, ça ira. Puisque ça doit aller. L'obligation évidente m'a prise à la gorge. Je me suis levée pour déjeuner avec lui, puis je suis allée me recoucher. Et quand je me suis relevée, j'ai été courir. Je retrouve le goût des rires. C'est léger, j'avais oublié les bulles. Et puis aussi, l'autre fois, je suis descendue du train et le bus était dans longtemps. Je suis passée devant un cinéma, j'ai jeté un oeil au programme puis à ma montre et je suis entrée dans le hall. J'ai savouré la salle noire. Ca m'avait manqué. J'ai envie d'obscurité, d'images et de dialogues. J'ai envie de vies desquelles je ne fais pas partie. J'ai envie de me mettre en sourdine. Demain, j'y retourne. Et l'après-midi j'irais me perdre dans les livres. Elle a rajouté un élément à mon tatouage sur l'avant-bras droit. A. m'a dit hier que mon problème c'est que je ne savais pas m'aimer. Je n'ai rien dit. Evidemment j'ai avalé ma langue et les inepties qui bouillaient dans ma tête m'ont mordue les lèvres. Je voulais lui déclamer que je vais très bien, merci, que je n'ai besoin de personne et que je n'ai jamais eu besoin de personne, que je m'en sors toute seule parce que quand j'ai eu besoin, il n'y a eu personne alors maintenant il est hors de question que je.
  Je vous dirais si Londres , c'est joli.    

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Commentaires
A
A qui le dis-tu ?! Plus la date approche et plus je suis impatiente. J'ai tellement haaaaate !!!!
C
Mais non ne t'en veux pas, au contraire, c'est chouette d'avoir des idées de voyage dans la tête.
A
Oops désolée, je n'aurais pas dû en parler ;)
C
Retourner prendre une bière au soleil dans les Stables de Camden. Dormir avec un bouquin à Hyde Park ou Regent's Park. Shopper à Portobello. Flaner au bord de l'eau derrière Notting Hill. <br /> <br /> Et voila, maintenant j'ai envie d'y retourner.
A
Soho, Harrods et les librairies, c'est dans mon programme ! J'ai fait une liste sur papier, le programme des deux jours. Assez chargé, je dois dire. C'est qu'il ne faut rien manquer !
La bouteille d'encre noire renversée au fond de l'âme
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