Rester vivant
Je voudrais pouvoir me dire que ça y est, je me suis poussée à bout, que je peux arrêter maintenant. Je voudrais appuyer sur Pause, suspendre les heures le temps d'un souffle profond. La migraine qui m'agrippe durant la nuit, la douleur sous le front, le sommeil complètement défoncé, mon visage défait au réveil. Hier soir, il se faisait plus insistant et mon corps s'est raidi parce que je ne voulais pas. Et j'ai eu envie de pleurer, je crois, ou pas, parce que je suis emmêlée et qu'il va falloir tout détruire à nouveau. J'ai l'impression d'être un courant d'air qui entre dans les vies puis qui s'en va, ou que l'on balaie. Il est des moments où tu ne te sens pas suffisant et je voudrais m'excuser pour tout, pour rien. Pour tout. Il me disait hier qu'il faudrait que j'apprenne à aimer mon corps mais jamais de la vie. Tout est de sa faute, tu comprends. Il ne m'a attiré que des ennuis. Il ne me sert à rien sinon à incarner les gouffres dans lesquels j'ai pu tombés. Et je voudrais m'excuser, encore, parce que non je ne suis pas suffisante, non je ne fais pas le poids et non vous vous trompez, je ne suis pas à la hauteur. Bulle me disait l'autre soir que j'étais pure et j'ai trébuché parce que c'est faux, totalement faux. Je lui ai rappelé les corps, les coups, la folie, la fureur. Il m'a répondu que ça ne comptait pas. Il m'a dit que j'étais pure parce que je n'avais jamais pensé à mal. Et les failles ont tressailli à l'intérieur. J'essaye de faire de mon mieux mais ça ne fonctionne jamais. Ce n'est jamais assez. Pourtant j'essaie, je m'évertue mais je ne sais pas vivre correctement. Il est des moments où tu ne sais plus quoi faire. Où tu voudrais que l'on murmure et qu'on te prenne dans ses bras. Le temps de renoncer. Au lieu de t'émietter à l'intérieur, comme ça, tout le temps. Au lieu de pleurer toute seule sous le vacarme de la musique qui tu as mise trop fort.