Quand elle zozotait,
La musique est montée à un volume indécent. J'ai les doigts qui me brûlent, ma gorge qui tombe en miettes. Je ne trouve pas le sens, les mots mais j'ai cette urgence sous ma peau. Cinq jours que je n'avais pas dormi seule, tu comprends. Alors hier, je me suis tournée et retournée, levée un nombre de fois stupide. Et il n'est pas venu. Et il ne viendra plus, je crois. Prise à mon propre jeu, pendue à ma propre corde, je m'étais faite à son corps. Je ne suis pas en colère, je ne me sens pas sale. Je suis triste. Je ne me souvenais plus comme cette émotion était exclusive. Tu ne peux pas la partager, elle est dans ton ventre, amoureusement lovée en ton sein, indélogeable et silencieuse. Tu ne peux que la porter jusqu'à ce qu'elle tombe petit à petit en lambeaux. Je la porte. Et elle ne tombe pas en lambeaux. Mais c'est une question de temps, je sais. D'un coup, je prends mes clefs et sors, passe des coups de fil, sonne aux interphones, bois, fume, souris, parle, dérape. D'un coup, mes yeux dérivent. Ca fait cinq jours que je n'ai pas mangé et je n'ai pas faim et je ne sais pas ce qui se passe. Cinq jours que je fume, tous les jours et cet état de flottement. Je ne sais pas ce qui se passe. Je crois que je refuse, tout. En attendant, je me retourne dans les draps et je fais comme les filles que je qualifie de stupides dans les films. Je serre son oreiller contre moi et ma peau reste en éveil au cas où ses doigts l'effleureraient. Je me sens petite et je suis triste.