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La bouteille d'encre noire renversée au fond de l'âme
31 août 2008

De passage

  Hier soir, il a fallu se glisser seule entre les draps. Parce qu'il était revenu la veille et que j'avais encore en tête sa façon de prendre ma main pour la coller contre son torse, ses yeux endormis, ses suppliques pour grappiller quelques heures de sommeil en plus, sa manie de retourner son oreiller parce qu'il est plus frais de l'autre côté. Hier soir, je me suis docilement glissée entre mes draps, j'ai ouvert mon livre. J'ai lu pour ne pas penser, pour m'engouffrer dans une brèche intemporelle. Trois heures après, mes yeux papillonnaient. J'étais assez fatiguée pour ne plus parvenir à lire alors je me suis allongée. J'étais assez fatiguée pour ne plus parvenir à lire mais pas suffisamment pour m'endormir. L'eau a débordé de mes yeux, j'ai pleuré. La bouche geignarde contre la couette, les larmes qui roulent sur les joues, l'effritement à l'intérieur. Je suis restée démunie et je savais bien que je ne pourrais pas m'endormir. Alors j'ai remise mes lunettes sur mon nez et j'ai repris mon livre. Quand je l'ai reposé, il était fini. Je l'avais commencé un soir de désœuvrement. J'avais fait couler de l'eau dans la baignoire, bouillante. Je n'ai même pas pu entrée, il a fallu que je rajoute de l'eau froide. J'ai fait glisser mon corps petit à petit. C'est Bulle qui m'a interrompue dans ma lecture, je lui ai demandé de me rejoindre. J'ai posé le livre sur le tapis de bain et j'en étais à la centième page. Alors hier soir, j'ai lu les quatre cents restantes.

"J'ai serré les poings. Comprendre quoi ? Qu'un jour on se réveille et qu'on ne pleure plus ? Combien de nuits j'ai passées, les dents dans l'oreiller, je voulais retrouver les larmes, la douleur, je voulais continuer à geindre. Je préférais ça. J'ai eu envie de mourir, après, quand la douleur m'a envahi le corps, j'étais devenue un manque, un amas de nuits blanches, voilà ce que j'étais, un estomac qui se vomit, j'ai cru en crever, mais quand la douleur s'est estompée, j'ai connu autre chose.
Et ce n'était pas mieux.
C'était le vide."

C. Gallay "Les déferlantes"

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Commentaires
E
Alors, tant mieux. Et puis peut-être que "Inassouvi", c'est un mot que je n'emploie pas. Et pourtant comme un refrain, il revient à chaque fin de chapitre. Et il pourrait revenir tous les jours...
A
Je vais également. Il y a des hauts et des bas, précisément je dirais que je joue plutôt dans la seconde catégorie en ce moment. Période de flottement, de vacuité, d'inconsistance. Le sentiment d'être allée au bout. J'ai longtemps été habitée par l'idée sous-jacente de me faire payer. Et maintenant que j'ai franchi la limite, je me retrouve désemparée. <br /> L'indécision ne dure jamais, jamais toute la vie. Il faut le temps de se remettre, passer à autre chose. -et puis, je me trompe peut-être mais. La vie gronde en toi, ça se sent dans tes mots. Tu ne seras pas bouffée.- <br /> Je t'embrasse.
P
Je vais, et c'est déjà ça! J'ai déjà été mieux, et pire aussi. Disons que c'est une période d'indécision totale. Et toi donc?
A
Passionnée : Oui ce doit être cela. Le même sentiment lourd mais une source différente. Sinon, tu n'as pas répondu à ma question, je ne répondrai pas à la tienne :p<br /> <br /> Ecilora : Je n'ai pas envie que tu sois objective !! Que tu sois en train de (presque) le recopier entièrement me suffit largement comme argument ! C'est marrant, moi je préfère souligner à même le livre. Au début, j'avais du mal puis comme j'ai dû surligner (oui carrément, surligner. Tu imagines l'angoisse dans le geste qui s'amorce ?) des passages dans des livres d'économie, j'ai élargi le procédé aux romans. Mais au crayon de papier. Et je corne la page pour me souvenir. Et je relis, encore et encore. "Quand rien ne va plus", en effet ou quand il fait trop froid à l'intérieur, tu sais, que ça s'effrite, qu'il neige.
E
Ah! c'est toute une histoire. Je crois que je dois presque être en train de le recopier entièrement [ce livre]. Alors, je ne suis pas très objective. <br /> C'est l'histoire de Betty qui passe ses journées à regarder les gens vivre. Et un jour, ses yeux croisent la vie d'une vieille dame et son chat. Et elle la surnomme Félicité cette dame. Et alors, "elle allait s'imbiber de la vie des autres,ignorant qu'elle y serait bientôt engloutie".<br /> <br /> Moi, je les note. Dans un carnet. Et puis deux. Alors des fois, il n'y a pas grand chose. D'autre fois, c'est l'inverse. Mais, ça me fait du bien de les relire. Quand rien ne va plus. :)
La bouteille d'encre noire renversée au fond de l'âme
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