J'ignore comment j'en suis arrivée là, ce qui
J'ignore comment j'en suis arrivée là, ce qui s'est passé. Je me retourne en arrière pour scruter le chemin que j'ai suivi. Quelles chutes ? Quels écueils ? Quand la roue s'est-elle mise à tourner ? Quand les premières cicatrices se sont-elles inscrites, annonciatrices de toutes celles qui suivraient ? Quand est-ce que j'ai commencé à me casser à la gueule ? Est-ce que tout ceci était évitable ? Oui, mille fois oui mais. Les raisons qui m'ont poussée à.
Comment j'en suis arrivée là ? A être éveillée mais à rester immobile sous ma couette parce que je ne veux pas me lever. Je préfèrerais me replier comme une noix, les genoux juste sous le menton et dormir des années. Le temps de me laver de tout ça, même si nous savons bien que ça ne marche pas ainsi.
Comment j'en suis arrivée là ? Assise devant un bol de céréales, les yeux engourdis et les cheveux défaits à l'écouter me dire d'ouvrir mon courrier qui traine depuis deux semaines. Le ton qui monte parce qu'elle dit que je peux recevoir des choses importantes. Qu'elle ne comprend pas que je me foute de tout. Mais qu'est ce que tu veux que je reçoive d'important ?
Comment j'en suis arrivée là ? A partir de quel moment la pente s'est-elle inclinée ? L'alcool et la fumée, les soirées tamisées, les double jeu, triple, quadruple, qui rendent folle. Je lui ai dit de prendre du recul et il m'a répondu qu'il ne savait pas comment je faisais mais, c'est un réflexe chez moi de mettre la main devant et de tenir les choses à distance. A tel point que j'ai l'impression d'être déconnectée.
Comment j'en suis arrivée là ? Je regarde par-dessus mon épaule et le dénouement me semble évident, dès la première seconde. Dès que j'ai commencé à passer mon corps, il était évident qu'il finirait par ne plus rien valoir. La première fois que j'ai eu envie de mourir quand on m'a fait l'amour, il était prévisible que je finisse par ressentir l'envie compulsive de m'arracher la peau. A partir du moment où je suis passée outre mes suppliques, le sillon de la haine et du dégoût était tracé sur ma peau. Je n'ai eu qu'à repasser.
Je me suis engagée sur ce chemin-là parce qu'il fallait se détruire, parce qu'il fallait payer.
Et, dans un sens, j'ai réussi.
Je ne suis pas absoute mais je ne vaux plus rien.
A quelle intersection me suis-je trompée ?