Brouillon
Hier soir, l'alcool dans les veines. C'est rare, d'habitude c'est plus de la fumée, tu vois. C'est idiot, c'était à la terrasse d'un bar et les cocktails se sont succéder pour accompagner les mots. Je ne prenais que ceux qui avaient un nom coloré et quand il m'a raccompagné sur le quai, qu'il m'a demandé, j'ai répondu oui et les bulles crépitaient dans ma tête mais dès que j'ai posé un pied dans le wagon, déjà je me décomposais devant ce que je venais de faire. Pourquoi ? Mais pourquoi ? Et ça tournait dans ma tête mais j'ai eu beau me maudire, ça ne m'a pas aidé à trouver de réponses. J'ai retrouvé ma sœur devant la rue. La tête effervescente, les yeux euphoriques et les pas mal assurés. On monte une première fois dans la chambre, je mange et c'est mille fois trop puis j'effrite. Nous redescendons pour revenir sur nos pas dix minutes après. Puis on se relève. Il est une heure, il me semble. Deux milk-shakes dans les mains et on arpente les rues noires qui résonnent d'éclats de voix. Ma soeur s'endort à mes côtés. Un bruit me réveille au petit matin. De l'eau et des gestes lourds, on change de sens et on recommence. Jusqu'à midi. Le visage complètement froissé et le vent sur mes mollets nus. Deux places de concert récupérées et puis des boissons revigorantes dans le café que j'aime tant près de Jussieu. Trop de sacs aux épaules, trop de poids, trop de fatigue, trop de noeuds.
Je me souviens hier soir. Malgré le fait que tout peut s'arranger, que ses lèvres sur les miennes aient été une erreur misérable mais que je peux rectifier -on taira les conséquences-, que mon année va se dérouler, bien ou non mais qu'elle va glisser entre mes doigts et bien sûr que je serais dedans -spectatrice ?-. Malgré le fait que je puisse me dire que oui, on peut y aller, on va le faire, que tout n'est pas perdu, je n'ai pas pu m'empêcher de penser que j'aurais préféré mourir. Et je n'avais qu'un seul prénom sur les lèvres.