Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La bouteille d'encre noire renversée au fond de l'âme
25 novembre 2008

Un souffle

  Dès que les choses commencent à s'entasser, je me prends immanquablement les pieds dedans et m'étale. La fatigue partout, dans la nuque, les jambes, les bras, le dos, le visage, les yeux. Pendant qu'il m'expliquait le cours, je hochais mécaniquement la tête en luttant de toutes mes forces pour ne pas m'endormir. Et quand je suis partie, je me suis rendue compte que je n'avais rien assimilé. Je ne me souvenais même plus de ce qu'il m'avait dit. Puis j'ai lu quelques articles du journal avant d'arrêter car je ne retenais rien du tout. Mes yeux avalent les lettres noires mais ça ne s'imprime pas et arrivée au point final, je suis incapable de donner le sujet de l'article. Quand la fatigue est trop lourde, quand les forces s'amenuisent. Ça oscille mais mes oscillations ont toujours été trop prononcées. Mon moral flanche et je fais des choses stupides, je dérape. Je prends mon sac, enfile mon blouson et sors de la salle. Ils me regardent tous avec des yeux ronds et effarés et je les trouve bêtes. Ils n'ont jamais franchi la moindre limite. Ils ne savent pas que derrière, il n'y a rien de plus. J'en ai dépassé des limites, je me suis retrouvée dans des situations bancales. Je sais que ça ne change strictement rien. Je les trouve ignorants de la douleur qui déchire. Le réveil sonne chaque matin et les quelques minutes qui suivent, je me demande pourquoi je me lève, ce que je vais faire de ma journée, ce que ça va m'apporter. Puis je me dis de fermer ma gueule, de me lever, de fermer ma gueule, encore. Puis je pose le pied par terre et enchaine les gestes mécaniquement. Jusqu'à ce que le froid vienne me mordre le visage. Ça va passer. Il faut simplement dormir, prendre un peu de temps pour soi. Mais je n'en ai pas, du temps. J'ai une semaine d'examens qui débute lundi prochain et des devoirs qui s'entassent jusqu'à ressembler à cette montagne infranchissable. Je cherche le bouton Pause mais les journées qui se succèdent me font comprendre qu'il n'y en a pas. Il faudrait du temps pour soi mais il n'y en a pas. Alors, en attendant, il faut tenir. Même si je ne sais pas, et n'ai jamais su, le faire. Moi, je craque toujours de toutes parts. Je n'arrive pas à visualiser l'instant où je pourrais me reposer. Une masse de travail et d'exigence qui assomment. On planifie des séances de révision, on met des cahiers en plus dans nos sacs mais ça ne fait que cristalliser la tension. Un jour, j'enfile une jupe et des bottes puis le lendemain un jean et un blouson masculin mais ça ne va jamais. Le sol se dérobe sous mes pas et ça m'engloutit de tous les côtés. Je me sens tellement bête et petite. Tellement peu à la hauteur. A chaque cours, à chaque épreuve, j'ai envie de fuir en courant parce que ce sentiment m'obsède. Parce que je tremble du désir de hurler à tous les visages que ça ne sert à rien, que je ne suis pas à la hauteur. Selon le raisonnement que je préfère leur annoncer la vérité avant qu'ils ne la découvrent et soient déçus. C'est une période de flou total et non, ça ne me convient pas. Je me sens menacée et bousculée. Et dans ces situations, je n'ai plus que l'envie de m'effacer et de disparaitre dans un recoin invisible, couper le son et me noyer dans la pâte épaisse du temps qui m'enrobe. Je prends trop de place, je n'arrive plus à respirer. Et je sais que, quand je n'arrive plus à respirer, je fais n'importe quoi.

Publicité
Publicité
Commentaires
A
:))<br /> <br /> Un chagrin de passage, je ne l'ai pas lu.<br /> <br /> En revanche, les deux autres, si. D'ailleurs, j'ai préféré "Un certain sourire" à "Bonjour tristesse". Après, comme c'est le roman qui l'a propulsée sur le devant de la scène, on s'attend toujours à quelque chose de phénoménal et le risque d'être déçu est plus élevé mais, quand même. Ce n'est pas mon préféré (et pas le mieux, je pense) d'elle. J'ai beaucoup aimé "aimez-vous Brahms" aussi.<br /> <br /> Bonne lecture !<br /> Il faudra que tu me tiennes au courant hein ! Je veux absolument ton avis !!
M
J'en ai pris trois: <br /> - Bonjour Tristesse, parce que c'est son premier livre, celui qui l'a fait connaitre, et que je ne pouvais pas passer "à coté". <br /> - Un certain sourire, parce que c'est son deuxième livre, et que j'aime le titre. J'aime les sonorité de ce mot " sourire". <br /> - et un "chagrin de passage", pour le titre aussi, puis j'aimais le couverture, enfin l'extrait de la couverture. <br /> <br /> C'est un choix, comme ça, avec le cœur, sans trop savoir pourquoi. <br /> Et puis, j'ai rien noté, je m'en suis souvenue, certains mots se gravent lorsqu'ils sont beaux ou bien écrit, et l'on s'en souvient.<br /> <br /> :)
A
C'est pour ça que ça ne m'empêche pas de le porter !!!
J
Les "à la base" sont des détails pour pousser les gens dans une banalité facile et évidente.
A
Maya : oui ce devait être à cause de l'adresse mail. Je me fais avoir des fois ! Je suis très très très très contente que tu aies aimé "Les cerfs volants de Kaboul", puis que tu te sois acheté la biographie de Sagan. D'autant plus contente que tu estimes mes avis au point de les noter^^ ! Merci. Je suis ravie que ça te plaise ! D'ailleurs, tu as acheté quels livre de F. Sagan ?<br /> <br /> Ju_u : Merci ;) (mais je crois quand même qu'à la base c'est un blouson pour hommes^^)<br /> <br /> amélie : Moi aussi, je me faisais souvent cette réflexion et c'est lors de cet épisode, lorsque j'ai vu leurs réactions que j'ai mis le doigt dessus. Ce sont les limites. Les limites qu'ils n'ont pas franchies qui créent cette distance entre eux et moi. J'espère que tu vas bien, que tout le travail ne t'étouffe tout de même pas. Pour le reste, je sais, je connais. Mais regarde, on est toujours là. Courage.
La bouteille d'encre noire renversée au fond de l'âme
Publicité
Archives
Publicité