distorted truth

On enlève les bijoux en or pour remettre les bracelets en fer, je ressors mes robes d'été, les regards glissent sur moi, c'est lui qui me le dit, moi je ne vois rien. Elle est en léger tissu blanc, échancré, fermé par des boutons, du haut jusqu'en bas. Par-dessus j'ai ma veste bleu marine qui se resserre sur ma taille par un large cordon de la même couleur. Je sens la robe remonter sur mes cuisses, le vent la soulève parfois mais non je ne vois rien, tu sais mes cheveux aussi s'envolent. Tellement échancrée que les regards de certains passants se cognent sur ma cicatrice. Il me dit que je pourrais la cacher mais je ne vois pas pourquoi, moi ça ne me dérange pas. J'ai gobé les rayons du soleil, j'ai laissé les hommes me sourire. C'est fou comme un sourire peut avoir plusieurs significations différentes. Lubrique, amical, gentil, sale, doux. Mais non rien ne m'atteint. Les adultes sont discrets, les enfants moins, on ne leur a pas encore appris. Alors il y a ce gamin qui scrute ma cicatrice et les deux larges coupures qui zèbrent mon mollet. Je devine son point d'interrogation dans ses prunelles. Je n'ai aucune réponse à lui apporter. Mais je ne lui dis pas, il pourrait croire que les adultes sont stupides. / Je ne veux pas de ce que je distingue dans ses yeux. Je ne veux pas de quelque chose de sérieux, de lourd. Pas de liens, d'obligations, rien. Juste le vent entre mes mains. Laisse-moi juste ça, c'est encore ainsi que je suis le plus en paix.  A l'intérieur. Même si ... même si t'sais j'ai des kilomètres de lumière en moi, des litres de poésie, des brins de folie, de rires aux éclats, tous pleins de choses que je voudrais pouvoir partager. Pour des yeux doux. Je n'ai jamais su vivre pour ma seule personne. Moi toute seule ce n'est pas drôle. C'est pour ça, ils me disent de faire attention mais je ne peux pas. Juste moi, ça n'a aucun sens. Pourquoi prendre soin de moi si c'est simplement pour moi ? Je suis mon plus beau cobaye, mon amour du flirt avec les limites me rend marionnette entre mes propres mains. Je n'ai jamais su bien faire, manger correctement, me faire jolie pour mon seul plaisir. Chacune de mes actions a une finalité bien précise. Alors vous comprendez que, seule, ça ne rime à rien. Ma poésie je m'en fous si elle ne fait sourire personne. Certains m'ont déjà dit que je m'en sortais bien avec les mots, mais et alors ? Ca me sert à quoi, si c'est pour écrire au vide ? Entre mille et une considérations, je tourbillonne. Et les pensées m'effleurent mais comme de simples cheveux d'or. Je suis hors de portée. Une large surface lisse ridée d'ondes concentriques. A peine troublée car le fond reste imperturbable. Je me suis retrouvée face à cette vieille photo, mon petit corps de gamine de huit ans en maillot de bain sur le sable. Les cheveux courts, comme un garçon, et ces yeux. Je crois que c'est ça qui a retenu mon attention. Mon corps a grandi mais mon regard est resté le même. Oui c'est le soleil qui me faisait plisser les yeux ainsi mais il y a autre chose, comme une légère lueur de défi déjà présente. Déjà. Le temps n'aura fait que l'aviver.
  A peine troublée. Le fond reste immuable, imperturbable. Inatteignable. Le néant ne m'effraie même plus, le désert autour de mes doigts. Je me fais des colliers de grains de sable.

Comments

[absolution]

En effet.
le plus bel atout de la blogosphère est l'anonymat, l'abscence de jugements. Les sourires peuvent être moqueurs, je ne les vois pas. *sourire*

[elie]

beau timbre pour la voix de ce post. La signification du sourire ? comment savoir ? imagine ce que l'on peut en dire derriere un jeu de regard et sans rien en dire... si ce n'est ici !!

elie