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La bouteille d'encre noire renversée au fond de l'âme
22 avril 2007

Je tends un piège à mon corps et plouf! le voilà

  Je tends un piège à mon corps et plouf! le voilà qui plonge petit à petit tête baissée. Bientôt viendra le moment où il y sera complètement ficelé. Mais il fait si beau, ne parlons pas de choses fâcheuses. Whitney Houston crachote son amour à travers mes enceintes et c'est d'une beauté et d'une puissance désarmante. Qui l'eut cru? Il faudrait qu'on m'explique pourquoi, pourquoi dès que je fais quelque chose cela vire à l'obsession. Terrible. Il n'aurait jamais fallu que je découvre les joies de bittorent. Tant de films qui attendent sagement d'être visionnés. Je me gave d'images. Pour une fois que ce n'est pas de lettres. Je suis amoureuse d'Emily, mais si Emily the strange. Et A casa nostra est un bon film, j'ai trouvé l'italien encore plus joli que l'espagnol, c'est une langue plus fluide. Il fait beau n'est ce pas? Ca fait du bien un peu de soleil. Hier à l'heure du repas je me suis assise sur un banc du parc en plein soleil pour réchauffer mes membres froids et j'ai ouvert mon livre sur mes genoux. Hier j'étais seule, hier j'étais à un concours qui m'a écoeuré. Toutes ces filles avec le dernier sac, la dernière coupe, les dernières chaussures, pas un épi, pas de crayon noir sur les joues. Lisses et parfaites. Les garçons, idem. Le même jean serré sur leurs jambes de grenouille et la même coupe de cheveux faussement négligée. Tous n'étaient pas comme ça, non n'exagérons pas mais je m'y suis sentie tellement étrangère. Alors pour conjurer le sort, même si j'avais conscience de me faire passer pour une pauvre fille intello j'ai ouvert mon livre sous la table et en attendant le début des épreuves j'ai avalé les mots par deux, par dix. Je m'y suis accrochée comme une naufragée pour ne pas me diluer. Je suis allée aux toilettes, il y avait toutes ces filles qui se recoiffaient et se repoudraient. J'ai évité mon reflet mais il m'a rattrapé. La réalité l'a suivi et vlan! sur la figure. C'est ma pâleur que j'ai remarqué avant le fait que je n'avais rien à faire là, avec mes collants discrètement rayés et ma robe d'enfant. Mes cheveux restaient indomptables, je devrais cesser de les tordre en tous sens lorsque je réfléchis. J'aurais peut-être de plus jolis cheveux soyeux et ondulés comme elles. Le pseudo bobo-intello à côté de moi me dit la problématique qu'il a avancé pour sa synthèse. Youpi, en plus de me sentir moche je me sentais maintenant conne. Peu importe. J'ai fermé les yeux et je suis rentrée vite. Rien n'a pu me fair sourire. J'ai marché dans du coton même pas sur le bitume tant j'étais ailleurs. Je savais que je rajouterais du ridicule à mon personnage en mettant ces lunettes de soleil mais je ne voulais surtout  pas qu'on surprenne toute la mélancolie qui baignait dans mes yeux. Il y avait ses grands yeux noirs dans le train, des yeux comme ceux pour lesquels je pourrais me damner. Vous savez de grandes pierres sombres comme d'immenses lacs dont vous avez l'impression de ressentir la moindre onde concentrique. Il y avaient ces yeux là et pourtant je suis restée engluée. Mais il fait beau, n'est ce pas? Si beau. C'est la rentrée qui me rend acide. La pauvre enfant.
* La pauvre enfant qui en est encore à vomir parce qu'elle n'assume rien.
J'essaie, pourtant, de lui expliquer mais elle ne veut rien entendre.
* La pauvre enfant qui en est toujours à s'accrocher aux mots comme aux bouées de sauvetage, éperdumment.
Elle les fait siens en les tordant de son écriture sur les pages quadrillées. Elle en aligne et en avale des milliards.
* La pauvre enfant qui a dix huit ans dans deux semaines et qui se mordait encore les lèvres hier pour ne pas laisser rouler les larmes sur ses joues.

truck

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