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La bouteille d'encre noire renversée au fond de l'âme
9 juin 2009

Ca veut dire quoi quand t'écris "parfois je

Ca veut dire quoi quand t'écris "parfois je me sens glisser, vaciller fortement, à l'intérieur de moi" ?

Ca veut réellement dire ça. Ca signifie que, parfois, je me sens comme me dissoudre et glisser derrière mon ventre et je sens presque mes ongles s'agripper à l'envers de mes côtes et de mes poumons pour retenir ma chute. Je suis penchée au-dessus de ma feuille et l'eau dans mes yeux brouillent ma vue, comme les mille projets qui me tournent autour brouillent mon sommeil. C'est la dernière ligne droite, la semaine prochaine, the end, je sais mais. C'est comme courir, la vitesse en moins. Courir en marchant, harassée et les genoux qui frottent contre les trottoirs. J'ai les mains pleines de révisions mais je n'ai plus de place en moi pour tout ça, alors je l'embrasse, les feuilles tombent sur le parquet et nous faisons l'amour sur le canapé. Et encore, et encore et, je parviens enfin à m'endormir. Ma tête manque de livres et de mots, les nombres me sortent par les yeux. Ils disent Tout le monde ne passera pas l'année prochaine, et je préfère fermer les yeux. Quand je sens que ça obstrue ma gorge, que c'est tellement gros que ça va m'étouffer et que je ne vais pas savoir quoi en faire, je ferme les yeux et renverse la tête en arrière. Je jette tout par les fenêtres même si ça reste accroché à mes chevilles, finalement. Je me débarrasse de tout, je hoche la tête, je dis Oui, je raisonne mon rythme cardiaque. Si je rouvre les yeux, si je balaie le décor des yeux, si je prends en compte chaque élément, je vais être paralysée. Alors je ne fais strictement rien, sinon vivre, sinon transpirer à travers les jours, d'un peu de moi contre la couette, contre la fadeur de certaines journées. J'acquiesce à la formulation de certains projets, un toit commun, des choses comme ça, mais je garde les yeux fermés. Je dis oui et j'enferme le coffre à double tour. Je dis oui et je me suture les lèvres et me casse les poignets. Pourtant, je le sens bien, derrière mon coeur, sous la colonne vertébrale, l'appréhension immense et les multiples questions qui sourdent et battent et trébuchent à mes tempes. Et quand ça emprisonne ma moelle épinière, je fais l'amour. Je fais l'amour et je m'applique à pulvériser chacune des billes noires de tension qui roulent dans ma tête. Mais, le froid et la fatigue, semblent être des éléments, pourtant indissociables, de ma peau. Collés à mes os et cousus à mes paupières, et je vis pourtant.
  Il y a quelques années, j'étais persuadée d'être forte. Et j'avais tord , je confondais la force avec la dureté. Je me voulais imbrisable et chaque parcelle de mon corps était d'acier tant je coulais l'intransigeance et la sécheresse des déserts, comme du plomb dans mes veines. Et je me croyais forte, j'avais les pupilles comme deux pierres noires et lisses. Aujourd'hui, je ne me crois plus forte, mais j'essaie de l'être. Sans tremper mes bras dans l'acier, en serrant moins les dents. C'est peut-être plus fragile, moins facile car moins radical mais. J'essaie d'être forte en me retenant lorsque, parfois je me sens glisser, vaciller fortement, à l'intérieur de moi. Ca me coûte et je sens que mes mains puisent dans une réserve cachée dans mon ventre mais je me tiens, debout, avec un air de vérité entre les dents. Je me tiens.

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Commentaires
M
;)
A
Merci beaucoup. Ton mot me fait plaisir. Je vais aussi sur ton blog, moins souvent mais toujours. J'ai vu que tu semblais débordée de travail. Tu tiens le bon bout, courage ;) (la lettre devra tout raconter :D)
M
Très beau texte. Ca faisait longtemps que je n'étais pas venue par ici. Trop de tout autour de moi. De travail surtout. Je souffle un peu, avant ma soutenance. Et je viens par ici parce que les mots me manquent. Une lettre m'attends aussi. Je dois écrire. Je dois répondre. Je le ferai. Je vais le faire. <br /> ;)
A
Oui, ce sont des moments plus vrais. C'est pour ça que j'essaie d'en faire une constante.
J
Pour ta réponse à May, tu sais, ça t'allait bien, les moments de calme, de faiblesse, de douceur ; ceux où tu es toi ; et pas ton idéal de toi. Vraiment.
La bouteille d'encre noire renversée au fond de l'âme
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